Les Réseaux Sociaux
2006. J'ai treize ans.
J'étais au collège, j'envoyais des messages sur msn en abusant sérieusement des wizz et du cochon qui danse (si vous avez vingt ans, peut être que cela ne vous parlera pas - j'ai l'impression d'être une vieille dame!) et j'avais un skyblog. Facebook débutait alors je n'avais pas de compte car ce n'était il me semble, pas encore popularisé en France. Skyblog et msn étaient pour moi les deux éléments se rapprochant le plus des réseaux sociaux actuels. J'étais malheureusement assez accro. Par chance, ma maman a toujours été derrière moi et mes sœurs : non seulement nous utilisions l'ordinateur familial dans le salon à la vue de tous mais nous avions également un temps limité sur ce dernier de telle sorte que nous occupions aussi notre temps à lire et à jouer.
2017. J'ai vingt-quatre ans.
Je vis à New York. J'ai un compte instagram, facebook et snapchat. Je fais des vidéos que je partage régulièrement. Souvent. Non, beaucoup trop. Je suis enfermée dans une spirale de réseaux sociaux, d'auto-partage. J'ai déménagé là-bas en 2016, je ne connaissais même pas snapchat, j'avais trois photos sur mon compte instagram et en partant, je me suis promis de partager quelques photos pour que mes proches puissent me suivre et voir mes aventures. Ca allait pendant la première année. Puis je me suis perdue pendant quelques mois, notamment à cause de mes fréquentations qui étaient de leur côté, beaucoup dans le paraître. Je me suis laissée entrainer mais j'ai aussi accepté de le faire parce que j'étais contente de prendre des vidéos, de partager mon quotidien. J'adorais ça. Mais j'étais dans le déni. Et je ne voyais pas alors à quel point je commençais à changer et à devenir exécrable.
Quelques mois après, j'ai eu l'impression d'étouffer. J'ai supprimé pleins de photos, de vidéos, j'ai désinstallé les réseaux sociaux de mon téléphone et j'ai laissé passer quelques semaines. Je me sentais libérée d'une charge beaucoup trop lourde pour moi. Je me suis libérée de cette toxicité. Et c'était incroyable. J'ai supprimé les centaines de personnes qui me suivaient sur facebook ou instagram parce que j'ai alors pris conscience que mes vrais amis se comptaient sur les doigts de la main et que j'avais plutôt affaire à du voyeurisme de la part de personnes que j'avais connu de près ou de loin et qu'à la fin, je ne discutais jamais avec eux et ils ne prenaient pas non plus la peine de le faire.
Aujourd'hui. J'ai vingt-huit ans.
Quel est mon rapport aux réseaux sociaux aujourd'hui? Il est beaucoup plus sain. Je l'utilise non plus comme un moyen de tout montrer, mais comme un outil de communication avec les gens auxquels je tiens. J'ai toujours instagram et à présent, j'ai un compte privé sur lequel je publie occasionnellement des photos (toujours en noir et blanc, ma marque de fabrique depuis sa création en 2016). J'ai également un compte photographie et un compte studygram qui me permet de partager ma passion pour la photo mais également mes études avec d'autres étudiants ce qui est vraiment sympa. Cela me rappelle les forums sur lesquels j'ai pu être inscrite il y a quinze ans et sur lesquels je pouvais échanger sur pas mal de sujets intéressants avec d'autres passionnés. J'ai facebook mais je continue à supprimer régulièrement les gens avec qui je ne suis pas en contact. Je ne poste rien dessus à part une chanson tous les six mois et encore mais c'est surtout pour messenger que je le conserve car beaucoup d'amis américains l'utilisent et c'est très pratique pour papoter. Je n'utilise plus snapchat, je le garde pour voir des anciennes vidéos de voyage mais c'est tout.
Je ne sais que je vais encore parler comme une personne âgée mais j'ai vraiment beaucoup de mal avec les réseaux sociaux notamment avec les influenceurs qui sont tous des panneaux publicitaires parce qu'ils poussent à la consommation de masse pour des produits avec un grand M, et incitent les jeunes à croire que c'est ça, voilà ce qu'est la vie. Ce qui n'est pas le cas. Les réseaux sociaux ont du bon. Pour partager notre art, les passions, échanger. Mais il faut que ce soit contrôlé. Et si on est adulte, il faut apprendre à gérer ça et savoir quand arrêter. Ce qui est plus difficile parfois.
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