Extraits de Journaux N°1 - Dear New York


New York
Extrait de Journaux
Par Jenny

J'ai retrouvé plusieurs fichiers de journaux que j'ai tenu quand je vivais à New York et je me suis dit qu'ils avaient leur place sur le blog. Je n'ai rien modifié ou corrigé. Je voulais qu'ils restent comme ils étaient. Authentiques. J'ai aussi tenu des journaux sur papier, et je continue encore. J'ai une grande boite contenant des journaux depuis mon enfance et j'en ai à l'heure actuelle, un au fond de mon sac dans lequel j'écris dès que j'en ressens l'envie. 



''New York city is the place where they said
Hey babe take a walk on the wild side''

RECIT D'UNE FRANCAISE A NEW YORK
PAR JENNYLOU


New York
Mercredi 18 Aout 2016

Je suis à New York. Pincez-moi, j'ai dû mal à réaliser que j'y suis. Ca y est, Lou, tu l'as fait. Tu as réussi. Tu es dans la ville que John Lennon en personne a adopté, et celle où il a malheureusement perdu la vie. Artistiquement, le berceau de tant de mes artistes préférés. La ville de The Velvet Underground, des Ramones, de Simon & Garfunkel, de Blondie, de Talking Heads, de Sonic Youth, de Mothxr et de tant d'autres groupes. Celle de la Beat Generation là où le mouvement a pris naissance, la ville de Last Exist to Brooklyn en passant par Taxi Driver ou King Kong. Je pourrai noircir des pages entières de références culturelles en lien avec la Big Apple. Je crois pour être parfaitement honnête que je n'ai pas encore réellement pris conscience du fait que je suis maintenant à l'autre bout du globe. Dans un autre continent, un autre pays. Tout est nouveau ici, j'ai l'impression d'avoir été transporté dans la quatrième dimension. Ou la cinquième au choix. Je ne suis ici que depuis dix petits jours mais c'est comme si je venais tout juste de sortir de l'avion. Pourtant c'était la semaine dernière. Et alors que mes doigts glissent sur les touches du clavier de mon ordinateur portable, tandis que je suis avachie sur mon nouveau lit, mes écouteurs dans les oreilles, bercée par la voix de Lou Reed, je réfléchis et je tente de trouver les mots justes pour parler de ce que je vis. Mais j'ai dû mal, je plaide coupable. Je tiens un journal. Pas un journal intime vu qu'il a été lu par des tierces personnes au fil des années ce qui enlève tout intimité. C'était plus un carnet de route dans lequel j'écrivais ce que je vivais, je dessinais aussi, beaucoup. Ça n'avait pas nécessairement de sens ce que j'y notais, parfois des poèmes, des chansons ou tout simplement des déblatérations. J'y prenais un réel plaisir. Mais écrire à la main prend du temps, beaucoup de temps et même avec la plus grande volonté du monde, je ne parviens plus à le tenir. Du moins pas régulièrement. Je peux ne pas écrire pendant une quinzaine de jours uniquement par manque de temps. Ou n'écrire qu'une ou deux pages. Et ce n'est pas suffisant. Plus aujourd'hui alors que j'ai tant de choses à dire, à écrire. Je veux pouvoir me souvenir et extérioriser tout ça. J'en ai besoin. Alors bien sur, l'écriture a son charme, je ne le nie, j'ai écrit mon journal pendant des années, la moitié de ma vie à la main, mais il est temps que j'évolue. Chaque chose en son temps. La France me manque. Mais moins que ce que je pensais. Beaucoup moins. Est ce mal ? Je l'ignore. Mes proches eux me manquent énormément en revanche mais j'essaie de garder le contact au maximum. Merci facebook et compagnie. Je suis connectée en permanence même si je n'y vais pas, mais au moins, je reçois une alerte automatiquement si je reçois un message. Ça allège le poids de leur absence dans mon existence. Un petit peu en tout cas. Je sais pertinemment que je dois m'habituer à ce rythme de vie. Voilà à quoi elle se résumera, à vivre ici et là, à l'autre bout du monde. Je ne peux pas vivre autrement. C'est en moi. La semaine dernière, j'ai visité la ville pour la première fois et je me suis laissée aller à adopter un coté pure touriste en allant en haut du Rockfeller center – accessoirement là où Jimmy Fallon fait son show- puis à Time Square dans la foulée. Tiens, je vais prendre un moment pour parler de cette expérience. Je vous assure, ça vaut le détour. Non, non vraiment c'est hilarant. Mais d'abord, parlons de ce qui s'est passé une heure et demi avant. Avec Nawelle, une amie française, nous sommes allées dans ce restaurant, sur Manhattan. Elle voulait manger japonais, je mourrais d'envie de manger une pizza. Nous nous sommes retrouvées dans une pizzeria qui a attiré mon œil avisé – je plaisante. En réalité, c'était bon et pas cher du tout – six dollars la part de pizza et une bouteille de Snapple. L'endroit avait des allures mafieuses qui m'ont immédiatement charmé. Vous savez comment je suis, j'ai adoré Le Parrain et je suis passionnée par l'Italie. Il y avait ces gars dans un coin qui pariaient et semblaient être entrain de comploter derrière leur manteau noir. J'étais transportée en pleine prohibition. Une fois rassasiée – je plaide coupable pour la deuxième part de pizza engloutie, nous avons décidé d'aller au cœur de New York et des clichés touristiques. Et ainsi après un arrêt dans un magasin de produits dérivés à la con où j'ai acheté une trentaine de cartes postales à trois dollars, et un t-shirt au rabais de Jim Morrison, réduit spécialement pour moi – coucou le vendeur sympa ! - nous étions à Time Square. Des écrans partout, des publicités à perte de vue et une foule immense, essentiellement des touristes mais également des gens en costard cravate pressés, des jeunes faisant la fête et surtout – la chute de l'histoire arrive, attention – des gars déguisés spécialement pour gagner de la thune en prenant des photos ridicules avec des touristes. Nous sommes passées devant eux dans l'unique but de trouver Forever 21 et Victoria Secret (nous véhiculons le cliché de la jeune fille, n'est ce pas). Mauvaise tactique. Un espèce de Batman et de Spider-man nous ont sauté dessus. Pas au sens propre, hein. Enfin presque. On a eu droit à des « hugs » et des baises mains. Si, si. Et je ne vous raconte même pas leur réaction lorsqu'ils ont capté que nous étions françaises. Ils étaient tout excités. Tels des chiens en chaleur. Et encore, c'est une insulte pour la pauvre bête. Ils s'imaginaient que nous étions tombées au bon endroit, et qu'ils auraient droit à un putain de French Kiss. Ils étaient collants. J'avais envie de les bousculer et de les faire tomber par terre. Mais j'ai préféré éviter. Inutile de passer par la case police ici. Très peu pour moi, merci. On a eu droit à leur numéro à la con pendant une quinzaine de minutes. Je me demande vraiment s'ils pensaient que ça allait marcher. Je veux dire, come on. En plus ils portaient des costumes vraiment flippants, style c'était une parodie de Batman, et encore, je suis sympa. Vraiment sympa. Le mot parodie est trop faible pour eux. Un policier est arrivé car il avait fini par remarquer leur petit numéro agaçant, et nous en avons profité pour gentiment prendre congés et nous précipiter hors du cirque de l'absurde après avoir filé un faux numéro à pseudo-Batman. Il a insisté. Nawelle avait une touche avec lui. Quand à moi, j'ai eu une touche avec Spider-man. Sacrées veinardes que nous sommes !


Jeudi 19 Aout 2016

Aujourd'hui, j'ai pris le train à Pelham pour New York. En une vingtaine de minutes, je me suis retrouvée en plein milieu de Grand Central. Je crois que les mots ne seraient pas suffisants pour décrire la beauté de cet endroit, c'est une gare mais la plus belle que j'ai vu. Et croyez moi, j'en ai vu des tonnes au cours de ma vie et des voyages que j'ai entrepris. Elle est architecturalement parfaite. Et alors que je marchais, tournillant sur moi même, jetant des regards partout autour de moi, je ne pouvais m'empêcher de revoir défilés devant mes yeux, tous les films qui ont été tourné là, dans ce magnifique endroit. Et d'avoir bien sûr une pensée pour mes amies passionnées de Gossip Girl. Je crois que je ne le dirai jamais assez mais je suis amoureuse de New York. J'ai l'impression qu'une partie de mon âme s'est détachée de moi pour rester ici, dans cette ville. A jamais. Je me plais vraiment ici. J'ai le cœur qui bat à la chamade quand je me balade dans les rues de la ville. C'est exactement la même sensation que je pourrai ressentir si je tombais amoureuse. Vraiment amoureuse. C'est ainsi bien vrai ce que je disais plus haut. Je suis amoureuse de New York. J'ai encore beaucoup de choses à écrire mais je suis épuisée, je ne dors pas beaucoup alors je vais faire un petit somme en écoutant Mothxr. Le morceau She can tell m'a accompagné durant mon arrivée ici. Je l'ai écouté en boucle alors que je regardais la route défilée devant mes yeux, assise dans le bus, la tête collée à la vitre. J'étais pareil qu'un enfant de cinq ans devant le père noël. C'est l'effet que vivre ici me fait. Pas un retour à l'enfance, non, mais un retour à l'exaltation, à l'émerveillement.

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